Le 6 avril 2010 était adopté au Parlement français la loi sur l’ouverture à la concurrence des jeux d’argent et de hasard en ligne. Un an après cette étape historique dans l’évolution et la régulation du marché des jeux, on peut dresser un bilan de la situation en France, considéré par beaucoup comme un test au plan européen et même mondial.
La loi, qui portait uniquement sur les paris sportifs, les paris hippiques et le poker, était assortie de la création de l’ARJEL, une Autorité de Régulation du Jeu en Ligne notamment chargée de délivrer des agréments aux opérateurs respectant les règles imposées par le législateur.
A ce jour, 35 opérateurs ont obtenu les agréments leur permettant de proposer des jeux d’argents aux internautes français. Seize d’entre eux ne proposent que du poker, six uniquement des paris sportifs et quatre des paris hippiques, le reste offrant un panel multiple avec les différents types de jeux.
Un bilan contrasté
L’ouverture du marché a rapidement montré le fort intérêt des Français pour les jeux d’argent en ligne. Sur les sept premiers mois d’activité des opérateurs agréés, près de 3 millions de comptes-joueurs ont été créés (2,1 millions de comptes actifs) et près d’un milliard d’euros a été misé en paris sportifs et hippiques : 448 millions d’euros de mises pour les paris sportifs, et 452 sur le marché des paris hippiques, de mai à décembre 2010. Le poker a, lui, enregistré 3,7 milliards d’euros de mises en cash game et 412 millions d’euros en buy-ins de tournois.
De sommes impressionnantes, qui ne représentent toutefois pas de l’argent perdu par les joueurs français, la majorité de ces sommes étant recyclées ou reversées aux joueurs. La somme des dépôts réellement effectués par les joueurs sur les sites en .fr se serait ainsi élevée à 514 millions d’euros au total.
Malgré ces chiffres, bien au-delà des prévisions les plus optimistes, les opérateurs sont nombreux à se plaindre et à fustiger les modalités de la loi. L’ouverture à la concurrence a bien entendu renforcé la nécessité de se distinguer sur ce marché juteux et, rien qu’au cours des six premiers mois du marché régulé, une trentaine de millions d’euros auraient été dépensés en marketing, notamment via de multiples spots publicitaires à la télévision. A cela s’ajoute une forte taxation (7,5 % des mises des joueurs pour les paris sportifs et hippiques et 2 % des mises pour le poker), qui contribue au malaise souvent exprimé par les plus gros opérateurs, estimant qu’ils ne parviendront pas à tirer leur épingle du jeu.
Isabelle Parize, Vice-présidente de Mangas Gaming, jugeait ainsi fin 2010 que la taxation des jeux en ligne est « insupportable » , et que « beaucoup des entreprises qui se sont introduites sur le marché vont s’effondrer dans les 18 prochains mois » . Stéphane Courbit, Président du Conseil d’Administration de BetClic Everest Group estime également que la loi française est « la pire d’Europe » tandis que pour le Président de Bwin.fr, Carlo Costanzia, « pas un seul opérateur ne devrait afficher de bénéfices cette année en France « . Mi-mars 2011, Nicolas Béraud, PDG de BetClic Everest Group, martèle toujours que, sans changement, la loi va être un « fiasco » , assurant que « le marché n’est pas équitable et sa pérennité est remise en cause » .