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26/06/2008, 08h30
mattheafy1982
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Betfair défend son système de bourse de paris en ligne
La société Betfair, un des principaux opérateurs de paris en ligne (et aussi poker et casinos) en Europe, veut faire entendre sa voix dans le processus actuel d'ouverture du marché des jeux d'argent en ligne. Avec la publication d'un Livre Blanc, Betfair veut défendre son système de bourse de paris ("betting exchange") et mettre en garde le gouvernement contre une "ouverture" qui ne permettrait pas de juguler les opérateurs off-shore ne disposant pas de licences en Europe.



Le Livre Blanc de Betfair, remarquablement construit et précis, rappelle d'abord la spécificité de Betfair dans le monde des paris en ligne. Betfair est la plus importante plate-forme d’échanges de paris en ligne au monde. Ce concept permet aux parieurs de choisir leur propre cote et de parier entre eux, et non contre l’opérateur, comme c’est le cas avec un bookmaker traditionnel. Betfair est basé au Royaume-Uni, et détient des licences additionnelles en Allemagne, en Autriche, à Malte, ainsi qu’en Australie. L’entreprise, fondée en juin 2000, emploie 1200 salariés. Betfair a remporté le « Queen’s award for Enterprise » en 2003 et en 2008. Betfair a aussi été nommée entreprise de l’année en 2004 et en 2005 par la Confederation of British Industry (CBI), la première à recevoir cette récompense deux fois. En plus de sa plate-forme d’échanges de paris, Betfair exploite un site de poker en ligne, Betfair Poker, issu de l’acquisition de pokerchamps. com, ainsi que le site de casino en ligne Zero Lounge. Les fondateurs de Betfair et la plupart des dirigeants historiques de la société sont toujours présents dans la gestion et le capital de la société, qui compte plusieurs actionnaires de référence prestigieux*, dont Softbank,Europ@web (Groupe Arnault), et JPMorgan.

Le "betting exchange" ou bourse de paris est un site internet sur lequel les parieurs s’échangent des paris à des cotes qu’ils fixent eux-mêmes, à charge pour eux de trouver une contrepartie, sinon le pari n’est pas réalisé. L’opérateur d’un "betting exchange" est dans une position de neutralité, comme un bookmaker qui ne se constituerait pas contrepartie mais qui se contenterait de tenir un livre (book) de positions parfaitement équilibrées. L’opérateur d’un betting exchange se rémunère habituellement par une commission prélevée sur les gains des parieurs, qui est de l’ordre de 2 à 5 % de ces gains. Le terme « betting exchange » provient de la Bourse et, comme celle-ci, le système vise à la mise en adéquation la plus fine possible de l’offre et de la demande de paris et d’enjeux. Cela suppose une plate-forme d’échanges centralisée et sécurisée et une forte implication de l’opérateur dans le domaine de la gestion des risques, des réseaux d’information et de la sécurité, tout comme n’importe quel opérateur de marché boursier. Betfair est le plus important betting exchange au Royaume Uni et le seul opérateur sur internet à disposer d’une licence délivrée par les autorités de ce pays. Betfair centralise plus de 15 fois le volume de transactions quotidiennes de la Bourse de Londres (le London Stock Exchange) ; 5 millions de transactions sont traitées chaque jour en moins d’une seconde !

Alors que l'ouverture du marché français des paris sportifs semble faire l'impasse sur cette forme de paris (voir notre article "Ce qu'il faut retenir de l'annonce gouvernementale d'ouverture"), le ministre E.Woerth ayant évoqué la seule ouverture au marché des paris mutuels et à la côte ("bookmaking"), Betfair défend son modèle en mettant en avant ses actions pour la protection des consommateurs, la lutte contre la fraude et la criminalité, la protection de l'intégrité du sport. Il rappelle que, en tant qu'opérateur pourvu d'une licence maltaise, la société est extrêmement contrôlée.

Betfair vient souligner son rôle dans la protection de l'intégrité du sport et la lutte contre la fraude en rappelant que la société est à l'origine de l'enquête de l'ATP contre Daydenko, à l'origine d'une psychose du monde sportif contre les paris sportifs en ligne (voir notre article à ce sujet). Ainsi, en 2007, lors du tournoi de tennis de Sopot, Nikolay Davydenko avait abandonné contre l’Argentin Vassallo Argüello. Betfair avait enregistré 5 millions d’euros de mises, soit dix fois plus que d’habitude, essentiellement sur Vassallo Argüello, bien que ce dernier se fût incliné au premier set. Betfair a alors suspendu les paris et alerté l’Association des Tennismen Professionnels (ATP). "Match truqué ? Une enquête le dira peut être un jour. L’important ici est qu’un opérateur soit en mesure d’intervenir en temps réel lorsqu’il détecte une anomalie grâce à son système centralisé" constate Betfair.

A juste titre, Betfair n'a pas compris l'opprobe dont la société a été l'objet, alors même qu'elle avait identifié la fraude et alerté les instances sportives. Paradoxalement, Betfair s’est vu reprocher son rôle : « avant l’existence d’une bourse d’échange de paris, ce genre de fraude n’existait pas » a-t-on entendu. C’est à peu près aussi absurde que de soutenir qu’il n’y avait jamais d’excès de vitesse sur les routes avant l’utilisation de radars permettant de contrôler la vitesse avec précision. Avec un système comme celui que développe Betfair, la transparence est de rigueur, la fraude est immédiatement détectable.

Comme beaucoup d'opérateurs, Betfair craint que les autorités françaises, dans leur projet d'ouverture, ne se trompent de cible. Car, en voulant imposer une fiscalité élevée (telle que l'envisage le Rapport Durieux), l'Etat français dissuadera les opérateurs disposant d'une licence européenne (à Malte, Gibraltar, Angleterre, etc...) de s'implanter en France. C'est ainsi que les opérateurs off-shore, installés dans des Etats moins rigoureux sur les contrôles (Belize, Curaçao, etc...), pourront présenter une offre de jeux particulièrement attractive aux joueurs français, sans aucune garantie pour la sécurité et la protection des joueurs.

En conclusion, le Livre Blanc de Betfair apporte un éclairage particulièrement intéressant sur le sujet et des propositions claires qui seront utiles au débat à venir sur les modalités de l'ouverture.

source ici